Restitution de la réunion du 7 mars dans le cadre du Grand Débat National à Nogent-le-Rotrou - 08 mars 2019
Jeudi 7 mars, j’ai organisé une réunion dans le cadre du Grand Débat National à Nogent-le-Rotrou, salle Simone Signoret. Elle était animée par Michel Toumoulin, proviseur du lycée Rémi Belleau. Vous étiez plus de 130 à y participer.
Cette mobilisation montre une envie forte des citoyens de s’exprimer et d’échanger sur les enjeux d’avenir pour notre pays. J’ai aussi été marquée par la grande diversité des participants, fait assez inhabituel malheureusement dans les réunions publiques que j’ai l’habitude d’organiser.
Il m’a semblé que presque toutes les catégories socio professionnelles étaient représentées : des ouvriers, des infirmiers ou aides-soignants, des professeurs des écoles, des agriculteurs, des chefs d’entreprises, des demandeurs d’emploi, des retraités pauvres ou aisés, des élus locaux… Parmi eux aussi, de nombreux membres d’associations et des familles, inquiètes pour l’avenir de leurs enfants. Je regrette néanmoins la quasi-absence de français d’origine étrangères.
Les travaux ont été organisés sous forme de 5 ateliers de 20 à 30 personnes, où ont été abordés les quatre thématiques du Grand Débat National : transition écologique ; fiscalité et dépenses publiques ; démocratie et citoyenneté ; organisation de l’Etat et des services publics, et une thématique proposée par Michel Toumoulin : santé et solidarités. Puis a eu lieu une restitution en « plénière ».
Le débat s’est déroulé dans une ambiance apaisée, quoiqu’un peu bruyante car la salle était pleine.
Voici un résumé des principales revendications/propositions, à partir des travaux de chacun des ateliers, comme de la restitution en plénière :
THEME 1 : TRANSITION ECOLOGIQUE
Une transition positive, des efforts de tous :
- Dans l’ensemble, les participants sont favorables à une transition vers des modes de consommation et un modèle de société plus durables.
- Ils s’inquiètent de la pollution (air, sol, lieux aquatiques) et de la perte de biodiversité.
- L’ensemble des acteurs - citoyens, entreprises, Etat - doivent être mobilisés à la transition écologique à proportion de leurs moyens et de leur empreinte.
- L’importance de la réduction des emballages et déchets et l’amélioration du tri, à la fois par les citoyens et les entreprises, est primordiale. Il faut plus d’installations de tri et de recyclage à proximité des habitations. Il faut également mieux éduquer les citoyens au tri, y compris les enfants à l’école qui sont de bons relais auprès des familles.
- Plusieurs personnes proposent de réduire les moyens de transports (voitures, avions) à disposition des membres du Gouvernement.
- Dans l’ensemble, les aides et dispositifs de financement de la transition sont trop peu connus.
Fiscalité écologique :
- Une majorité rejette en masse la fiscalité punitive, qui se traduit par une multiplication des taxes servant plus au budget général de l’Etat qu’à la transition écologique. Ces mesures subies viennent entamer le pouvoir d’achat des ménages.
- La fiscalité doit être équitable et se concentrer sur les plus gros pollueurs (ex. transport maritime, aérien).
- Les recettes des taxes sur l’écologie doivent être fléchées sur la transition écologique.
Energies renouvelables :
- De nombreux participants s’opposent aux éoliennes : coût de production trop important, enrichissement des promoteurs privés avec l’argent public, atteinte aux paysages et au patrimoine, dévaluation des habitations à proximité, manque de transparence dans le financement de cette filière industrielle.
- Certains proposent de recourir davantage à la géothermie et la ressource bois.
Agriculture :
- La majorité est en faveur de la consommation de produits locaux en circuits courts, avec une bonne connaissance de l’origine des produits. Une partie est prête à payer un peu plus pour mieux consommer. Le bio est aussi plébiscité.
- Les agriculteurs, présents lors du débat, ont exprimé leur engagement au quotidien dans la transition vers des modes de production plus durables et se sont dit prêts à faire davantage d’efforts, à condition que les Français achètent leurs produits et que l’Etat les protège davantage contre les produits importés de pays tiers qui ne respectent pas les hauts standards de qualité français.
Mobilité :
- Les Français de zones rurales ont besoin de leur voiture pour se déplacer. C’est une nécessité plus qu’un choix. Dès lors, les taxes sur les carburants sont perçues comme injustes.
- Beaucoup sont prêts à changer leurs comportements et recourir plus souvent aux transports en commun, à condition qu’ils soient abordables, suffisamment denses et calés sur les horaires de travail.
- Une opposition marquée à la voiture électrique, jugée peu pratique en milieu rural en raison de leur autonomie limitée. Les batteries sont considérées polluantes.
THEME 2 : FISCALITE ET DEPENSES PUBLIQUES
Fiscalité :
- C’est le sujet qui a dominé les discussions et qui est considéré comme le nœud des revendications des Gilets Jaunes.
- Une plus grande justice fiscale est revendiquée avec force par une majorité des participants.
- La multiplication des impôts et taxes est fortement dommageable au pouvoir d’achat des Français. Nombre de ménages voient les dépenses contraintes du quotidien augmenter et leurs marges financières se réduire continuellement.
- Ceux qui se sont exprimés demandent une meilleure répartition de l’effort dans le paiement de l’impôt, en augmentant le nombre de tranches imposables, pour une imposition plus juste et en augmentant le taux de prélèvement des plus riches.
- La réduction de la TVA sur les produits de première nécessité est demandée. Il est aussi proposé d’augmenter la TVA sur les produits de luxe. La réintroduction de l’Impôt sur la fortune (ISF) est jugée par certains comme une mesure symbolique, par d’autres comme contreproductive.
- Certains estiment qu’il faut taxer plus les grands groupes, et les « GAFAM ». D’autres mettent en avant le contexte de la mondialisation et la nécessité d’être compétitifs.
- Un label pourrait être créé pour valoriser les entreprises responsables implantées sur le territoire qui ne pratiquent pas d’optimisation fiscale.
Dépenses publiques :
- Une baisse des dépenses publiques est nécessaire pour une partie des participants, la France est le pays d’Europe qui affiche le plus haut niveau de dépenses publiques. D’autres considèrent qu’une plus forte taxation du grand capital suffirait à mieux répartir les richesses et assumer le coût de nos services publics.
- Un avis partagé par tous : il est urgent de réduire le train de vie de l’Etat.
THEME 3 : DEMOCRATIE ET CITOYENNETE
Démocratie :
- Les participants demandent à être davantage associés à la prise de décision, en dehors des périodes d’élections, en particulier au niveau local : multiplication des consultations et référendums locaux. L'instauration du référendum d’initiative citoyenne (RIC) est aussi demandée par certains au niveau national. Il faut créer des moyens de participation autres que la manifestation et la rue.
- La prise en compte du vote blanc est demandée par beaucoup, afin de renforcer notre démocratie et permettre aux citoyens d’exprimer un vote contestataire.
- Certains demandent à introduire une dose de proportionnelle lors des élections, notamment les élections législatives.
- Des participants suggèrent de réduire le nombre de parlementaires et de limiter le cumul dans le temps à deux mandats, d’autres sont contre.
- En cas de cumul, les indemnités des élus pourraient être plafonnées.
Citoyenneté :
- Plusieurs propositions ont été faites afin d’instaurer des travaux d’intérêt général en contrepartie des allocations de solidarité, cette proposition ne faisant pas l'unanimité.
- Des critiques sur l’espace médiatique tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Des demandes pour plus de neutralité et plus d’analyse et d’expertise. « Le droit à l’humour ne doit pas s’opposer au droit au respect ».
- L’éducation et le rôle de l’école sont cités en priorité pour promouvoir les valeurs de la République, la laïcité, le civisme et la lutte contre le communautarisme.
THEME 4 : ORGANISATION DE L’ETAT ET DES SERVICES PUBLICS
Organisation de l’Etat :
- Les institutions de l’Etat, les différents échelons administratifs, ainsi que les pouvoirs et responsabilités qui leur incombent sont en général mal connus des citoyens, qui perçoivent le flou d’un millefeuille administratif. Les interlocuteurs compétents dans l’Etat et ses administrations sont par conséquent mal connus, ce qui réduit l’efficacité des services publics.
- Les citoyens défendent les prérogatives des communes en s’opposant à un transfert des compétences à des entités plus éloignées (ex. communauté de communes ou d’agglomération). Ils réclament par ailleurs plus de dotations de l’Etat aux communes.
- Plus attachés aux élus locaux, une décentralisation des compétences de l’Etat vers les collectivités locales est plébiscitée. Les élus locaux, présents dans la salle, demandent plus de temps pour exercer leur fonction, des moyens supplémentaires et une meilleure reconnaissance.
- Les hauts fonctionnaires devraient également être plus proches des réalités de terrain.
Services publics :
- Une réorganisation de la carte des services publics dans les territoires est jugée nécessaire, afin de redéfinir les attentes et besoins des citoyens en termes de disponibilité des services publics et de distance pertinente pour y accéder.
- La création d’un guichet unique des services publics avec un interlocuteur ou un agent d’accueil polyvalent, référent, au sein des communes a été évoquée.
- Un lien physique avec un conseiller est essentiel pour beaucoup, même si le numérique peut faciliter certaines démarches. Il existe une fracture numérique dans nos territoires ruraux, non pas seulement en termes d’accès au débit, mais aussi en termes d’équipement des personnes et d’appétence pour les outils numériques (personnes âgées notamment).
- Les démarches administratives sont en générales trop complexes et trop longues.
- Les services publics de base (santé, aides sociales, démarches administratives récurrentes comme le permis de conduire, la carte grise ou les papiers d’identité…) et les commerces de proximité sont réclamés avec force. Encore faut-il que les citoyens jouent le jeu en les utilisant. Les commerces de proximité sont trop souvent utilisés pour l’appoint.
- Le coût et l’augmentation des charges (eau, électricité, taxes locales…) est de plus en plus problématique pour les ménages qui rencontrent des difficultés financières. La précarité énergétique est une réalité vécue par les familles. Certains appellent à des aides plus fortes pour ces ménages.
THEME 5 : SANTE ET SOLIDARITES
Santé :
- Les problèmes de la désertification médicale sur le territoire ont été cités de façon unanime et avec grande inquiétude : nombre de personnes évoquent les difficultés d’accès à un médecin généraliste ou un spécialiste. Une double peine en territoire déserté comme l’Eure-et-Loir : certains professionnels de santé refusent tout nouveau patient étant déjà surchargés.
- Le secteur de la santé souffre d’un important manque de moyens qui se répercute sur la qualité et l’accessibilité des soins.
- Les conditions de travail des professionnels de santé se dégradent sensiblement et sont inacceptables dans certains cas : trop de patients par professionnel, heures de travail à rallonge, fatigue et mal-être chez le personnel, démissions... Des témoignages poignants d’urgentistes, d’infirmières, et de personnels en Ehpad ont insisté sur l’urgence à agir.
- Le manque de médecins de « ville » entraine l’engorgement des urgences, qui traitent trop souvent de la « bobologie ».
- Notre système de santé devrait s’axer plus sur la prévention et s’inspirer davantage des bonnes pratiques chez nos voisins.
Prise en charge de la dépendance et du handicap :
- Une refonte du modèle d’accompagnement du grand âge et de la perte d’autonomie est urgente.
- De nombreux témoignages alertant des défaillances importantes dans la prise en charge de la dépendance, du handicap et la perte d’autonomie des personnes âgées en France : coût élevé des établissements d’accueil, manque de moyens et de personnel, dégradation des conditions d’accueil et de traitement des personnes âgées ; manque de places…
- Les personnes et familles de personnes atteintes de handicap ou de maladies (ex. Alzheimer, autisme…) expriment également les difficultés auxquelles elles font face : coût, manque d’accompagnement médical et de soutien, qualité des soins insuffisante…
- Une majorité demande plus de moyens, des aides aux familles, plus de solutions pour favoriser le maintien à domicile, souvent préféré des personnes âgées.
5 Commentaires |
PIHV
|
Madame la Députée, |
MMB
|
Bonjour, |
Micka
|
Bonsoir |
Laure de La |
Merci de votre commentaire, Monsieur Mickael. |
Micka
|
Bonjour, |
Laisser un commentaire* |
*En soumettant un commentaire, vous reconnaissez avoir pris connaissance de notre politique de gestion des données personnelles et vous l’acceptez.
|