La mise en œuvre du déconfinement passe par une stratégie sanitaire globale : le traçage numérique n’est pas une solution miracle ! - 15 avril 2020
Le mercredi 15 avril, avec mon collègue Eric Bothorel, député des Côtes d’Armor, nous avons fait un point de situation à la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale sur l’usage des applications numériques de « contact tracing » dans la lutte contre le Covid-19. Nous avons voulu mettre en garde les membres de la commission contre l’idée préconçue d’une solution miracle pour le déconfinement grâce à une application numérique.
Mercredi dernier, le Gouvernement français a esquissé le cadre de réflexion du projet « Stop Covid » : base volontaire, pas de géolocalisation, utilisation de la technologie Bluetooth, gratuité. Nous saluons la volonté du Gouvernement de garantir les libertés individuelles et la transparence de la solution mise en œuvre. Nous voulons néanmoins souligner que l’efficacité réelle de ces technologies dans ce cadre reste à démontrer, et une application de contact tracing n’est en aucun cas une solution miracle de premier ordre pour endiguer l’épidémie.
Le succès d’une telle application est soumis à un « usage effectif par au moins 60% de la population » d’après une étude de l’Université d’Oxford alors qu’aujourd’hui 75% des Français possèdent un smartphone et qu’après deux semaines de lancement à Singapour, une telle application n’a été adoptée que par 20% de sa population. A cela s’ajoute des difficultés techniques :
- L’interopérabilité des systèmes de bluetooth entre les différents téléphones
- Le calibrage de l’application pour prendre en compte un certain nombre de situations complexes
- La disponibilité de tests de dépistage à disposition des personnes considérées comme infectées par le virus.
Nous souhaitons également préciser deux risques principaux :
- Celui de créer un faux sentiment de sécurité chez les personnes ayant téléchargé l’application
- Celui de discrimination envers les personnes n’ayant pas téléchargé l’application et envers les personnes malades ou à risque.
En conclusion, nous avons expliqué que tel que l’a rappelé le Président de la République, Emmanuel Macron, le 13 avril, le débat sur l’utilisation d’une telle application est nécessaire pour ne négliger aucun outil, qui pourrait sauver des vies. Il convient néanmoins d’être vigilant vis-à-vis des discours solutionnistes sur l’utilisation des technologies dans la crise, opposant les pays occidentaux et asiatiques.
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