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Échanges "musclés" dans l'hémicycle quand je défends les PME innovantes victimes d'une hausse de contrôles fiscaux. - 15 novembre 2013

Ce 14 Novembre, à l'occasion du débat  "Conseil et contrôle de l’État, pouvoirs publics, direction de l’action du Gouvernement, publications officielles et information administrative.", j'ai été la cible d'attaques qui en disent long sur le peu de cas que la majorité fait du quotidien des entrepreneurs innovants...

Voici quelques extraits :

Premier amendement sur la sécurisation du statut JEI

M. le président. La parole est à Mme Laure de La Raudière, pour soutenir l’amendement n227.

 

Mme Laure de La Raudière. Cet amendement est identique au précédent, si ce n’est qu’il repousse la date d’application du dispositif au 1erjanvier 2015. Je sens qu’il va subir le même traitement que l’autre, mais je permets tout de même d’appeler l’attention de mes collègues et de M. le ministre sur un sentiment que partagent aussi bien les dirigeants de jeunes entreprises innovantes que ceux de PME bénéficiant du crédit d’impôt recherche : lorsqu’ils sont éligibles à ce dispositif et qu’ils en bénéficient, ils ont automatiquement un contrôle fiscal dans les trois ans qui suivent.

L’État exerce un contrôle et une pression sur les PME innovantes, en particulier sur celles du secteur du numérique, qui ont parfois des difficultés à mettre en évidence leur activité de recherche, alors qu’elles en ont une, parce que la recherche en informatique est parfois plus difficile à qualifier que la recherche en biologie, par exemple, ou que la recherche dans le secteur industriel.

J’appelle vraiment votre attention sur ce sujet, car il s’agit d’un secteur qui est en croissance en France, un secteur où se jouent les enjeux de demain. J’ai envie que notre pays soit leader dans ce domaine, et que l’on ne voie pas les dirigeants de PME ou de start-up se délocaliser à Berlin, à Londres ou aux États-Unis pour développer leur savoir-faire, parce qu’ils ont l’impression d’être victimes en France d’une véritable chasse aux sorcières.

 

M. Henri Emmanuelli. C’est n’importe quoi et vous devriez avoir honte de véhiculer de telles assertions !

 

Mme Laure de La Raudière. Monsieur Emmanuelli, vous n’avez pas la parole ! Votre attitude est scandaleuse !

 

M. Régis Juanico. Oh, baissez d’un ton !

 

M. le président. Nous écoutons Mme de La Raudière et nul ne doit avoir honte des propos qu’il tient.

 

M. Henri Emmanuelli. C’est lamentable ! Vous êtes une irresponsable !

 

Mme Laure de La Raudière. C’est vous qui êtes irresponsable : c’est l’avenir du pays qui se joue !

 

M. Henri Emmanuelli. Vous avez vraiment fait toutes les poubelles !

 

Mme Laure de La Raudière. C’est lamentable !

 

(…)

 

M. Henri Emmanuelli. En plus, elle est contente d’elle !


(…)

 

Deuxième amendement : les entreprises doivent bénéficier des mêmes avantages que les auto-entrepreneurs, à condition équivalente

M. le président. La parole est à Mme Laure de La Raudière.

 

Mme Laure de La Raudière. Monsieur le ministre, il faut considérer cet amendement comme un amendement d’appel. Pour sa rédaction, nous n’avons pas eu l’aide de l’ensemble des services de Bercy... Le statut d’auto-entrepreneur a été plébiscité depuis sa création car il a apporté deux choses essentielles : la simplicité de création d’une entreprise, qui est une attente très forte ; et un paiement au mois le mois des charges sociales en fonction du chiffre d’affaires. Les Français sont très attachés à ce point, et c’est l’une des raisons pour lesquelles ce statut fonctionne si bien.

Nous aimerions aussi que l’impôt sur le revenu soit calculé de façon simplifiée en fonction du chiffre d’affaires. Plutôt que de supprimer ou limiter ces principes pour l’auto-entrepreneur, essayons de garder le statut de l’auto-entrepreneur tel qu’il existe et appliquons-le aux autres secteurs et aux autres entreprises qui auraient les mêmes seuils que le statut d’auto-entrepreneur.

Je suis d’accord que ce n’est pas ce qui figure dans l’amendement. Je l’ai rédigé avec Jean-Pierre Gorges, et je n’avais pas forcément tous les moyens nécessaires pour bien le faire, mais c’est le message que nous voulons faire passer au Gouvernement aujourd’hui, dans le cadre des projets de modification du statut d’auto-entrepreneur.

Pour vous montrer que nous sommes de bonne composition, je vous propose, si Damien Abad en est d’accord, de retirer cet amendement. Mais les Français sont attachés au statut d’auto-entrepreneur…

 

M. Henri Emmanuelli. Oh oui, beaucoup !

 

Mme Laure de La Raudière. …parce que c’est une innovation économique et sociale majeure. On a dit aux Français qu’il était simple de créer son entreprise et de se prendre en charge, et nous les avons encouragés à le faire. Cela, nous y tenons énormément.

 

M. Henri Emmanuelli. Chez moi, on n’est pas attaché à cela !

 

Mme Laure de La Raudière. Mais je m’en fiche, monsieur Emmanuelli, puisqu’on l’est dans le reste de la France !

 

M. Henri Emmanuelli. Vous représentez pourtant la nation dans son ensemble !

 

M. le président. Monsieur Emmanuelli, vous n’avez pas la parole. La parole est à M. Damien Abad.

 

M. Henri Emmanuelli. Monsieur le président, je suis à vos ordres !

 

 

9 Commentaires

Grégoire
18/11/2013 08:56

Bien que je trouve aussi très inéquitable cette pluie de contrôles envers les entreprises qui déclarent un CIR, les entrepreneurs qui travaillent bien ont moins de soucis à se faire que les fraudeurs.

Je ne sais pas si tu as eu cette tribune ?
"Pourquoi craindre le contrôle fiscal du Crédit Impôt Recherche ?"
lecercle.lesechos.fr/entrepreneur/fiscalite/221182901/pourquoi-craindre-controle-fiscal-credit-impot-recherche

A+
Grégoire
(Ce commentaire n'est pas forcément à publier...)

Laure de La
Raudière
16/11/2013 14:01

Merci à tous de vos commentaires.
Je n'ai pas reproduit l'intégralité des débats. Il sont accessible en ligne sur le site de l'Assemblée Nationale séance du jeudi 14 novembre matin.

Je souhaite rassurer mes lecteurs : je n'ai pas retiré l'amendement sur les JEI ! Il a été rejeté, après que Monsieur Emmanuelli m'est dit que j'avais fait toutes les poubelles... (no comment).

L'amendement retiré visait à ce que les entreprises puissent bénéficier des mêmes avantages que le statut autoentrepreneur (simplicité, paiement des charges sociales chaque mois en fonction du CA), à conditions équivalentes. Je l'avais rédigé avec JPGorges, député d'Eure-et-Loir et nous n'avions pas réussi à avoir tous les soutiens nécessaires pour qu'il soit rédigé de façon parfaite.
Damien Abda cosignataire l'a présenté et j'ai ensuite pris la parole.

LEM
15/11/2013 21:31

Je plussoie le dernier message de JM Planche : par pitié citoyenne, n'abandonnez pas (retirer amendement) votre combat !

Votre acharnement est peut-être le dernier espoir de lumière qui peut nous sauver du chaos sinon - celui du gouvernement actuel, ou de l'extrême bêtise qui pourrait suivre sinon par un soir de grand vent.

Pierre
15/11/2013 20:06

Sébastien,

Pourriez vous préciser si on vous demande de rembourser uniquement le CIR ou aussi les bénéfices du JEI malgré le rescrit ?

Merci

Las Vignolles
15/11/2013 19:43

Je partagerais l'avis de JM Planche si je ne craignais pas qu'en étant repoussé l'amendement laisse l'affaire en l'état,sans plus d'examen dans l'avenir . Cependant,il est possible qu'il soit utile de garder la trace de cette tentative, bien mal accueillie,"pour montrer le chemin". Les travaux en commission ne pourraient-ils pas éviter de telles péripéties de séance ?

JM Planche
15/11/2013 19:33

@Sébastien : bienvenu au club ... nous sommes *tous* dans le même cas.
Le ministère sans moyen, sous traitant ses dossiers à des tiers dont la grille de lecture n'a aucun rapport avec notre réalité et même l'esprit de la loi. Tous ces gens ne se rendent pas compte de l'argent et du temps perdu au mieux et au pire ... c'est juste de la vie des entreprises, donc d'emplois, dont on parle. Et bien sûr de la position de la France dans l'échiquier mondial. Nous aurons beau jeu de pleurer que la France n'est nulle part bientôt.
Pendant que nous nous amusons à nous tirer dans les jambes, d'autres avancent (Israel, Canada, ...).
Quant on aura définitivement raté la chance "logiciel", nous pourrons au moins nous féliciter d'avoir aidé l'Inde et fait le lit de grandes multinationales étrangères.

Sébastien
15/11/2013 15:36

Madame, je dirige une JEI et je suis depuis 1 an en contrôle sur les CIR des années précédentes.
Nos interlocuteurs ne connaissent pas le monde de l'innovation, ni nos métiers. Les évaluations sont sous-traitées à des experts nommés par la ministère de la recherche qui regardent nos dossiers comme si nous étions des thésards en soutenance. Notre expert est un universitaire qui rejette la forme de notre document de présentation de nos travaux de recherches et qui ne préoccupe pas de nos livrables... de plus ce document a déjà été jugé recevable dans le passé par les impôts pour un rescrit JEI... Nous revivons l'épisode des 12 travaux d'Astérix dans l'administration romaine...
Bref, des années d'effort en péril, on nous menace de devoir rembourser les CIR précédents, on ne nous verse pas le CIR de l'année en cours, et nous n'en voyons plus l'épilogue.
C'est usant, anxiogène et décourageant au possible, nous n'embauchons plus et nous stagnons.
Je ne pose pas le problème comme étant politique, mais je pointe une incompétence. En tant que citoyen je salue le contrôle des CIR, mais qu'ils soient faits par des professionnels!
Je souhaite que mon témoignage contribue à nourrir vos débats.
Merci pour votre prise de parole.
Un serial entrepreneur.

JM Planche
15/11/2013 15:14

Les lois en "i" et la précédente majorité m'avaient appris à dire "j'ai mal aux institutions" .... là, on dépasse tout et je le redis, "j'ai mal à la France".
Je ne sais pas bien comment cette génération de nantis (de tous bords confondus) va nous laisser le pays et si nous pourrons le remettre en route une fois la nausée passée mais trop c'est trop. Il est vraiment temps que les soixante huitards laissent là place à une autre génération plus ouverte sur le monde et n'ayant pas peur de perdre quelques privilèges chèrement acquis ... Au moins sur ce point on peut s'entendre : habitués aux miettes, cela ne devrait pas être un sujet.

"Never give up", comme je le dis souvent. A ce stade, "ils" n'ont pas compris que l'exil n'était pas fiscal mais simplement de l'ordre de la résistance et de la survie, pour beaucoup. Et ainsi mieux tenter protéger une certaine idée de la France et que c'est aussi possible là bas, tout en permettant à ceux qui restent de le faire.
Mais force est d'avouer que chaque jour, cela devient de plus en plus compliqué, mais que ces accès de violence inacceptables sont de nature à renforcer notre conviction et notre foi.
En fait, merci Emmanuelli, merci d'exister et de nous montrer le chemin. Et Laure, s'il vous plait : tenez bon et encore plus loin : NE RETIREZ PLUS AUCUN AMENDEMENT SVP : NEVER GIVE UP !!! A ce stade l'important n'est plus de composer mais de montrer le chemin et de redonner la force aux autres de se relever et de continuer.
Merci !

Pierre Ygrié
15/11/2013 15:00

Quand on se comporte comme Monsieur Emmanuelli c'est qu'on n'a aucun argument sérieux pour répondre....sans Parler, peut-être, d'un brin de misogynie?

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