Voici un commentaire sur l'émission publié par M.Julien Alliot pour le Webzine Télécâble Sat Hebdo
Parmi
les nouvelles émissions lancées à la rentrée sur le canal
parlementaire, J’aimerais vous y voir a intrigué plus d’un élu. Les
députés se voient souvent reprocher leur méconnaissance de la “vraie”
vie des citoyens, et quelle idée avait LCP-AN de les envoyer sur le
terrain vivre leur quotidien, sous l’oeil des caméras ? En convaincre
quelques-uns de se lancer n’a pas été simple, tant le concept rappelait
celui, décrié, de la télé-réalité. «J’ai hésité car je trouvais
étrange de faire croire que l’on peut connaître en une ou deux journées
la vie et le métier de quelqu’un», reconnaît Laure de la Raudière.
Première
à avoir finalement relevé le défi (l’émission a été multidiffusée de
mi-septembre à mi-octobre), cette députée UMP d’Eure-et-Loir a choisi
de passer une journée et demie dans une famille d’éleveurs. Manier la
fourche, traire les vaches, conduire la moissonneuse-batteuse… Pour la
première fois de sa vie, madame la députée a fait les gestes quotidiens
d’une fermière. Et les a tant aimés que sur son agenda, en date du 6
novembre à 6 heures du matin, il est noté qu’elle a prévu de revenir à
la ferme des Auguste, pour participer à la traite.
«Sans les caméras, cette fois, pour le plaisir», raconte Laure de la Raudière, ajoutant qu’à la fin du tournage, madame Auguste lui a dit : «Maintenant, vous êtes un peu de la famille».Si
on le lui avait proposé, elle aurait même volontiers dormi à la ferme.
En pleine crise laitière, que l’élue n’avait guère la faculté de
résoudre à elle seule, le bon contact avec quelqu’un “d’en haut”n’était
pas gagné d’avance. L’émission lui a cependant donné l’occasion de
débloquer un projet de production d’énergie par méthanisation refusé
par la mairie, facilitant ainsi la reconversion partielle des Auguste
et de plusieurs agriculteurs du coin.
Un éclairage sur la fonction parlementaire
Une
télé-réalité utile, donc, puisqu’elle permet à des élus de se
familiariser avec des dossiers qu’ils auraient peut-être simplement
survolés. Et instructive, car au-delà de l’aspect amusant de voir une
personnalité politique se retrousser les manches comme monsieur
Tout-le- Monde, le commentaire fournit au téléspectateur des
explications sur les prérogatives de la fonction parlementaire, et sur
les problèmes du métier abordé. C’est le cas pour les rythmes
scolaires, sujet sensible de la deuxième émission, actuellement à
l’antenne.
Durant une journée, Nicolas
Dupont-Aignan, député sans étiquette de l’Essonne, est devenu
instituteur dans une école primaire de sa circonscription. «L’expérience
a conforté mon opinion sur l’absurdité de la semaine de quatre jours,
et sur la nécessité d’augmenter le nombre d’heures tant sur l’année,
que sur la semaine en revenant à cinq jours d’école», explique
l’élu, qui souhaite que tous les députés aient l’occasion de vivre la
même expérience. Le mois prochain, ce sera au tour d’Yves Cochet,
député Vert de Paris, de tenir pendant deux jours un restaurant du XIVe
arrondissement.
Et si, lors d’une prochaine
saison de J’aimerais vous y voir, LCP-AN leur propose de rempiler,
Laure de la Raudière choisira d’être ouvrière à la chaîne dans une
usine, et Nicolas Dupont-Aignan acceptera de devenir policier d’un jour
: «C’est le métier que m’avait d’abord proposé LCP. J’avais refusé
de peur de paraître déguisé. Avec le recul, maintenant que je connais
la qualité de ce programme, j’accepterais volontiers».