Lu dans l'Usine Nouvelle: "Madame de la Raudière, on devrait vous cloner !" - 02 décembre 2011
A l'occasion des « Assises du numérique » le 30 novembre dernier, j'ai animé une table ronde :"le numérique pour la compétitivité et la croissance".
Le journal « l'Usine Nouvelle » dans cet article d'Aurélie Barbaux, relate a ce propos une anecdote amusante et significative que je reproduis ci-dessous:
Les tribulations sociales du chinois ZTE à Poitiers
L' Usine Nouvelle, 02 décembre 2011 par Aurélie Barbaux
L'équipementier télécoms chinois ZTE doit regretter d'avoir choisi Poitiers pour son centre technique européen. Il peine à recruter, mais aussi former, les ingénieurs dont il a besoin.
Les jeunes ingénieurs français sont bien difficiles. Certes, ils sont parmi les meilleurs au monde, mais clairement, travailler en RégionCentre ne les fait pas rêver. Cheng Lin, vice-président de la division 4 (Europe et Amérique du Nord) de ZTE, l'a appris à ses dépens. Il commence à comprendre pourquoi, lors du choix du site de Poitiers en 2005 pour installer son centre technique européen, tant de personnes sont venues le féliciter et l'encourager !
Présent le 30 novembre dernier à Paris, à l'occasion des dernières Assises du Numérique, il a raconté ses tribulations d'embauche : "À mon offre de recrutement pour embaucher des ingénieurs télécom, je n'ai reçu que 100 dossiers. Sur ces 100, 80 étaient des candidats chinois, 15 des candidats d'origine du Maghreb et seulement 5 Français ! Or les règles de ZTE nous interdisent d'embaucher des chinois à l'étranger. Ils n'ont souvent pas passé les tests requis en Chine (NDLR : sous-entendu, à l'étranger les Chinois achètent plus leur diplôme, qu'ils ne les obtiennent). Quant aux 15 candidats originaires d'Afrique du Nord, on ne peut pas les embaucher."
Pourquoi d'ailleurs ne peut-il pas embaucher cette quinzaine de candidats d'origine nord-africaine ? Cheng Lin n'ose le dire, mais Gilles Babinet, président du Conseil national du Numérique, présent à la même table ronde le fait pour lui "À cause de la directive Guéant !". Celle qui oblige les employeurs français, à justifier qu'ils n'ont pas trouvé de candidats français correspondant à leur poste, lorsqu'ils veulent employer des étrangers. ZTE Kafkaïen !
Qu'à cela ne tienne. Puisqu'il y a un grand pôle universitaire à Poitiers, Cheng Lin décide de mettre en place sa propre formation à l'université. "Je me suis déjà rendu cinq fois sur place. À chaque fois, on me dit que mon projet est formidable, mais rien ne se passe !". Désespérant.
À ces mots, Laure de la Raudière, députée d'Eure et Loir, aussi présente à cette table ronde intitulée "le numérique pour la compétitivité et la croissance", exulte. "La prochaine fois, j'y vais avec vous. On a voté la loi LRU d'autonomie des universités justement pour permettre aux entreprises de monter ce type de formation. Mais il faut des cas concrets pour pointer les problèmes et les lever. C'en est un !."
Devant tant d'enthousiasme, Guy Mamou-Mani, président du Syntec numérique, exulte et lâche une phrase qui sera immédiatement tweetée par l'assistance : "Madame de la Raudière, on devrait vous cloner !". Selon lui, mais ce n'est un secret pour personne, rares sont en effet les parlementaires, voire les politiques, qui ont une telle compréhension des enjeux du numérique et un tel pragmatisme face aux problèmes.
De toute évidence, ZTE n'avait pas pensé à mesurer la sensibilisation des élites politiques françaises aux enjeux du numérique, lorsqu'il a choisi Poitiers.
1 Commentaire |
Arnaud Casalis
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Il y a une logique à ne pas recruter de jeunes ingénieurs étrangers : pourquoi alors créer des entreprises à Poitiers si c'est pour devenir une zone économique étrangère ? A l'évidence il vaudrait mieux alors créer les emplois en Chine ou en Algérie, solution plus profitable pour tous, à commencer pour les intéressés. M.Guéant a donc bien raison de défendre le bon sens car le problème est ailleurs : celui de l'incapacité française à avoir su aménager son territoire de façon intelligente. La non qualité de certaines villes, les périphéries urbaines, ces zones sans fin, ces cités sans âme, cette déculturation par l'immigration dissuadent même les jeunes de se déplacer. En fait, tout est à reprendre en France en terme d'urbanisme et d'attractivité des territoires. C'est un échec français qui va malheureusement en s'accélérant quand on constate que la France a perdu l'équivalent de la surface d'un département en dix ans pour étendre ces zones anonymes et en tous genres (industrielles, artisanales, sociales, ronds-points..) plus laides les unes que les autres. L'Etat est totalement défaillant dans son rôle et se contente de tendre la main au toujours moins-disant. La gauche en tête pour le mauvais exemple ! La qualité industrielle et la qualité de vie devraient être compatibles. Elles impliquent d'affirmer en préalable une dimension culturelle et humaine. Les Gouvernements français successifs ne se sont jamais intéressés à ce sujet majeur. Il est grand temps de commencer une grande révolution des mentalités. Elle tarde ! |
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