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La transformation digitale à l’assaut de l’industrie bancaire. - 04 mai 2016

Contribution publiée sur notre site Numérique 2017

 

La transformation digitale à l’assaut de l’industrie bancaire.

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• « Nous estimons que dans cinq des métiers majeurs de la banque traditionnelle (crédit à la consommation, prêts aux particuliers et aux entreprises, banque de détail et gestion de patrimoine) 10 à 40 % des revenus seront menacés en 2025 et 20 à 60 % pour l’activité la plus fragile : le crédit à consommation ». McKinsey/Septembre 2015

• « En seulement 10 mois, Alibaba est devenu le quatrième plus gros détenteur de comptes bancaires du monde avec 90 milliards de dollars d’actifs » IB Times

• « Aujourd’hui 2 % des commerçants acceptent les paiements en Bitcoin, mais 23 % d’entre eux prévoient de l’utiliser dans les deux prochaines années » Goldman Sachs/Equity Research/Mars 2015

 

 

Les dinosaures à la peine, face aux prédateurs jeunes et agiles.

Depuis une quinzaine d’années, des acteurs nouveaux sont apparus sur le ring des acteurs financiers : on les appelle aujourd’hui les « Fintechs ».
Leurs atouts: une grande agilité et une capacité à optimiser les outils numériques pour offrir des services financiers innovants à coût réduit, et ce, sans faire appel aux acteurs traditionnels (au moins au stade initial)
Ces derniers, propriétaires supposés d’une clientèle captive, tentent de se serrer les coudes et de se protéger derrière des digues de sable réglementaires à grand renfort de lobbying…
Mais pendant ce temps, la vague numérique et entrepreneuriale continue de saper tous les jours un peu plus les fondations des forteresses financières mondiales…

Quel avenir ces « barbares » réservent t’ils aux acteurs bancaires traditionnels endormis sur leurs rentes ?

Contrairement à ce que l’on pourrait naturellement imaginer, c’est seulement maintenant que les stratégies « disruptives » commencent à être sérieusement étudiées au sein des grands établissements.
Malgré leur puissance de frappe considérable et la grande compétence de leurs équipes, les institutions financières ne se sont pas orientées à temps vers les bons objectifs, ce qui les rend fragiles face aux attaques des prédateurs 2.0 toujours à l’affût de leurs faiblesses.
Mis au pied du mur par les faibles niveaux de taux d’intérêt qui rognent leurs marges, elles doivent maintenant innover ou mourir.
Parmi les forces principales des grandes banques citons : un rapport étroit avec les clients (contact personnel via les agences), une connaissance intime de leur situation patrimoniale et une maîtrise incontestée des lourds mais incontournables (à ce jour) outils de traitements documentaires.
Chacune de ces forces est désormais battue en brèche.
• « -Pouvez-vous vous rappeler quand vous avez franchi pour la dernière fois le seuil de votre agence bancaire ?
– Non !
– Vous n’êtes pas le seul… »
Un esprit curieux pourrait s’étonner du nombre de succursales des banques traditionnelles dans tous les petites villes et les quartiers les plus reculés alors même que le nombre croissant d’opérations dématérialisées ne justifie plus leur existence.
Elles sont désertées : est-il déraisonnable d’imaginer que leurs jours soient comptés ?

• L’exclusivité de la connaissance de leur propre clientèle, appartient également au passé, à cause de la colossale quantité de données personnelles amassées sur les sites de commerce ou les réseaux sociaux.
Qui mieux que ces premiers connaissent nos habitudes de consommation ?
Qui, mieux que Facebook, Apple ou LinkedIn à qui nous confions nos plus intimes secrets, peut prétendre disséquer nos désirs, nos budgets et nos projets ?

• Enfin, le rempart technologique longtemps constitué par le savoir-faire logistique et administratif des mastodontes bancaires commence, lui aussi à souffrir d’une concurrence nouvelle : on pense par exemple aux initiatives comme « Compte Nickel » qui permet l’ouverture d’un compte dans un bureau de tabac avec une simple carte d’identité, ou encore l’allemand Number26, une «e-banque» d’usage simplissime et gratuite fonctionnant 24/24 qui permet d’ouvrir un compte directement depuis un smartphone.
Citons enfin Bankin’, très populaire auprès des trentenaires souffrant de « phobie administrative » qui récupère via une application simple (compatible avec 350 banques différentes) l’historique des opérations de plusieurs comptes à la fois, et permet d’un simple glissement de doigt de gérer ses budgets et ses revenus.

Comment s’étonner dès lors des velléités de changement de cap des acteurs les plus réactifs de l’ancien monde, ou de la déclaration de Goldman Sachs : « Nous ne voulons plus être une banque ! »
Au lendemain des faillites Bear Stearns et Lehman Brothers en 2008, des interventions aux montants pharamineux (on parle de 320 milliards d’Euros en France et de 420 milliards aux Etats-Unis) ont sauvé in extremis le système financier mondial.
Fort bien, mais à vouloir éviter la catastrophe, n’a t’on pas retardé d’autant l’inéluctable transformation d’un système désuet et conforté les banques dans l’idée émolliente que l’état sera toujours présent pour les soutenir ?


Les GAFAs s’invitent au festin : des financiers là où on ne les attendait pas !

Pour corser la donne, d’autres convives arrivent, et pas des moindres : bénéficiant d’une force de frappe incomparable grâce à des liquidités quasiment illimitées, les grands acteurs de l’Internet regardent avec convoitise l’appétissant marché qui s’offre à eux.
À tout seigneur tout honneur, commençons par Google et son « Wallet », un portefeuille virtuel, lancé en 2011, déjà utilisé pour 25 % des achats faits par smartphone, et accepté dans 300 000 boutiques aux États-Unis.
Ajoutons que la frénésie permanente d’acquisitions de l’ogre de Mountain View lui permet de diriger son tir tous azimuts en achetant rapidement les jeunes pousses prometteuses.
Amazon n’est pas en reste, il propose depuis 2012 un système de crédit court terme à ses vendeurs ainsi que la fonctionnalité « Amazon payements » à ses 250 millions d’usagers dont il connaît le moindre désir.
Facebook permet depuis 2015 les paiements mobiles aux USA via Facebook Messenger.
Ne doutons pas qu’il regorge, comme à son habitude, d’une multitude de projets permettant de monétiser son exceptionnelle connaissance de la vie intime des usagers.
Apple, enfin, offre une solution de paiement mobile lancé en 2014 (disponible en Chine en 2016) appuyée par 2500 banques et acceptée dans plus d’un million de boutiques aux États-Unis.
Un million de clients de la banque JP Morgan ont par exemple enregistré leur carte de crédit sur Apple Pay.
Nous ne parlons ici que des GAFAs, mais bien entendu leurs challengers ne sont pas en reste.
Mentionnons Alibaba, représente 350 millions d’acheteurs actifs et un chiffre d’affaires de 400 milliards de dollars.
Cet Amazon chinois offre une réponse propriètaire à quasiment tous des besoins de ses utilisateurs : Kanbox est son offre cloud, Taobao clone Ebay, Lyft et Kuaide imitent UBER, Weibo reproduit twitter etc.
On peut difficilement trouver meilleur exemple d’un paradigme que l’utilisateur n’a aucun besoin de quitter pour gérer sa vie quotidienne…
L’offre bancaire n’est pas en reste : Alipay, la plus grande plate-forme de paiement mondiale place ses actifs dans le gigantesque fonds Yu’e Bao.
Zhao Kai Bao qui offre la bagatelle de 11 000 produits financiers est intégré dans Alipay Wallet l’application financière sur mobile aux 200 millions d’usagers.
Ant Credit (littéralement le « crédit fourmi »), qui prête 30 milliards de dollars à 700 000 clients alimente Mybank qui vient de recevoir l’agrément pour devenir établissement bancaire de plein droit…
On pourrait également évoquer les différents opérateurs télécoms qui rêvent de devenir des banques, ou les chaînes de distribution comme Walmart qui avec ses cartes Blue Bird et son application mobile Walmart pay lancée dans ses 11 500 boutiques a déjà séduit 22 millions d’utilisateurs…

De l’importance grandissante de la matière grise en général et du monde parallèle des crypto monnaies en particulier.

Si l’on s’approche maintenant des frontières de la technique pure, on s’aperçoit que la puissance des algorithmes et du Big-data remettent quotidiennement en cause les chances de survie de la finance traditionnelle.
Si elle décide de se réveiller et de mettre toutes ses forces dans la bataille, la partie sera rude.
L’énumération des initiatives entrepreneuriales dans ce domaine serait fastidieuse, si l’on en croit le tournis que provoque la lecture des nombreux blogs dédiés à ces sujets.
L’imagination des acteurs de l’e-finance est aussi foisonnante qu’inépuisable, preuve, s’il en fallait, du potentiel de gain réel ou supposé de ce nouvel eldorado.
Mentionnons donc juste pour mémoire les gisements de disruptions : disparition du cash, disparition de l’assurance traditionnelle par modélisation des risques (ainsi neutralisés), géolocalisation des biens et véhicules assurés, crédit direct entre prêteurs et emprunteurs via des algorithmes de mise en présence et d’authentification, alternative au prêt bancaire via le crowdfunding, trading à haute fréquence, analyse du risque crédit par robot etc…
Évoquons l’exemple passionnant des crypto monnaies et leurs avatars.
Le Bitcoin d’abord : s’il a longtemps pâti de l’image de « monnaie des trafiquants de drogue » (conséquence de l’affaire Silkroad) et d’une volatilité inquiétante (par exemple au moment de la faillite de MtGox) il ressemble néanmoins de plus en plus à une véritable monnaie dans le sens le plus rigoureux du terme.
Vecteur croissant de transactions internationales, c’est aussi une valeur refuge et/ou spéculative thésaurisée à 80%.
Il suffit pour se convaincre de son essor, d’assister au défilé des acheteurs au guichet de la Maison du Bitcoin, rue du Caire à Paris, autrement plus fréquenté que nos chères agences bancaires.
La finance traditionnelle ne peut plus négliger le Bitcoin et ses clones, aux caractéristiques prometteuses : coût transactionnel très faible, résistance à la dévaluation à cause du numerus clausus de 21 millions de bitcoins émis, notoire indépendance vis à vis des banques centrales…
Parlons maintenant de la Blockchain, l’algorithme moteur sous-jacent du bitcoin.
Cette technologie présente des caractéristiques aussi particulières que passionnantes. Elle permet l’authentification incontestable et pérenne de tout objet auquel elle s’applique : monnaie, pierre précieuse, titre de propriété, plan cadastré et, bien entendu, identité d’un créancier et d’un emprunteur.
À quoi bon aller voir son banquier, si l’on est certain de contracter un prêt non répudiable et certifié auprès d’un créancier qui l’est également ?
A quoi bon continuer d’utiliser le système de compensation bancaire SWIFT si cette technologie le remplace à de coûts infiniment moindres.
Ces simples constatations ne devraient-elles pas déjà pousser les acteurs traditionnels à plus de curiosité ?
Rendons leur justice, de nombreuses initiatives voient le jour, par exemple avec le rassemblement de grandes banques autour du projet R3CEV.
S’agit-il d’un énième think-tank ou d’une réelle initiative de reconquête ?

Ce tableau serait incomplet sans l’Ethereum. C’est une Blockchain « survitaminée » capable d’inclure dans son processus de certification des décisions complexes : les « smart contracts»
Il ne s’agit plus de simples enregistrements comme précédemment, mais de mini programmes, capables de déclencher une action ou une décision lorsqu’un certain nombre de critères sont réunis.
C’est cette caractéristique qui permet à son jeune créateur, Vitalik Buterin, de le présenter comme le premier véritable « ordinateur global».

Exemple d’application : on peut donner à un outil « motorisé » par Ethereum l’ordre d’acheter, vendre ou louer un bien immobilier en fonction d’un calendrier, d’un budget ou de caractéristiques spécifiques du demandeur etc.
La transaction commerciale est générée immédiatement en l’absence de toute intervention humaine et ce de manière incontestable, donc opposable aux tiers.
En réalité, cet outil existe déjà: il s’appelle Slock.it, et il est capable de gérer des offres de location Airbnb !
On peut donc être légitimement inquiet pour l’avenir des chargés de clientèle, gérants de fonds de placement, responsable administratifs, organismes certificateurs etc.

Ces innovations peuvent être clonées et modifiées à l’infini puisque librement accessible aux programmeurs du monde entier conformément à la philosophie open source.
Elles sont donc à la disposition des équipes très qualifiées dont disposent les grandes institutions financières.
Mais auront-elles l’audace d’agir très vite, de manière disruptive, bref, en « mode startup » ?.

Hubert de La Raudière

 

 

peste

1 Commentaire

un paysan qui croit
encore en sa banque
humaine et digitale
06/05/2016 23:08

Attention à la peste mais le choléra n'est pas loin!
La banque institutionnelle est en phase d'adaptation mais compétente et professionnelle.
La banque de proximité devra résister à la volonté de chacun de voir l'adepte du bitcoin en capacité de tout imposer et de tout décider. En cas d'échec la Fintech est là donc pas d'inquiétude pour demain.

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