La technologie et les usages de la Blockchain : un enjeu de souveraineté pour la France - 12 décembre 2018
Mercredi 12 décembre, nous avons remis avec mon collègue député La REM de la Loire, Jean-Michel Mis, notre rapport de mission sur les usages de la blockchain, une technologie de rupture qui permet de stocker des informations et d’effectuer des transactions ou rendre des services de façon sécurisée et rapide.
Ce sont les enjeux de la souveraineté numérique et de la compétitivité économique de la France et de l’Europe qui m’ont poussé à créer, avec mes collègues, une mission d’information de l’Assemblée nationale sur cette innovation, qui entoure autant de fantasmes que de défiance.
De février à décembre 2018, nous avons conduit une quarantaine d’auditions et réalisé des déplacements en France et en Suisse pour recueillir l’expertise des acteurs de cet écosystème foisonnant : entreprises, startups, porteurs de projets, banques, autorités nationales, représentants politiques.
De ce travail, nous dressons la conclusion que la blockchain représente – et mérite – un investissement fort, de même ampleur que celui réalisé actuellement sur l’Intelligence Artificielle.
En voici les raisons :
La France a fait une erreur majeure au début de l’ère l’Internet. Nous avions pourtant tous les atouts : un niveau de recherche d’excellence et des grands acteurs industriels dans le domaine des télécommunications, une forte capacité d’innovation, de bonnes formations et pourtant nous n’avons pas voulu « voir » que les faiblesses, les imperfections de départ d’Internet, s’estomperaient au profit du potentiel que représentait un réseau ouvert, où chacun peut se connecter simplement, où chacun peut échanger avec n’importe qui dans le monde, sans savoir si la transmission passe une frontière ou non, où chacun peut créer sa vitrine commerciale ou culturelle ou politique et être visible par tous. C’est ainsi que le rapport Théry consacrait le Minitel au détriment d’internet qui, je le cite, n’était « pas conçu pour offrir des services commerciaux (..) Les limites d’Internet démontrent ainsi qu’il ne saurait, dans le long terme, constituer aÌ lui tout seul, le réseau d’autoroutes mondial ». Pourquoi avait-il prononcé ces mots ? Parce qu’il ne faisait pas « confiance ». Parce qu’Internet ne garantissait pas de bout en bout la transmission de l’information échangée. Parce qu’il n’y avait pas de contrôle des équipements connectés à Internet. Parce qu’aucun organisme central d’Etat ne pouvait intervenir pour imposer ses règles.
Le Minitel, en revanche, c’était un univers fermé, avec autorisation et contrôle des accès. L’Internet, c’est un univers ouvert.
En fait, nous avons fait une erreur collective de croire que notre façon d’établir la confiance – qui, nous le reconnaissons tous, est une valeur nécessaire pour que les échanges s’effectuent – n’évoluerait pas.
J’ai l’impression que nous sommes en train de vivre un moment charnière avec une innovation tout aussi radicale qu’Internet : la Blockchain. N’ayons aucun présupposé en la matière !
C’est pour cela que j’ai voulu initier une mission d’information sur la Blockchain à l’Assemblée nationale : pour comprendre très en amont ses cas d’usage de grande ampleur. Comprendre pour ne pas commettre les mêmes erreurs, souvent par conservatisme, souvent aussi parce que l’on pense qu’une technologie doit être parfaite pour se développer et avoir un capital économique important, souvent aussi parce que nous pensons que nos organisations et la façon dont nous établissons cette confiance nécessaire aux échanges, aux transferts de valeurs, les règles que nous avons mises en place pour l’établir ne sont pas susceptible d’évoluer.
Alors comme on n’est pas complètement idiot en France, et que les décideurs politiques, institutionnels ou économiques ne veulent pas se voir reprocher de ne pas tirer les enseignements du passé, j’entends souvent dire : la Blokchain est une bonne technologie, nous investissons et développons des applications Blockchain, nous innovons, mais attention, les cryptomonnaies, c’est mal !
Selon ma compréhension et ma vision du potentiel de cette technologie, Blockchain et cryptomonnaies ou jetons – appeler les comme vous voulez – sont indissociables. Ou alors vous resterez au Minitel, si je reprends ma comparaison avec l’Internet.
La technologie Blockchain seule est une bonne innovation informatique qui permet le développement de nouvelles applications au sein d’une entreprise ou au sein d’un groupe fermé d’utilisateurs. C’est bien, mais cela sera limité comme un réseau privé face au réseau Internet.
La Blockchain et les autres technologies de registres distribués sont des protocoles permettant la certification des échanges, indispensable à la transmission de valeur ou de titre de propriété ou d’actes authentifiés par exemple. Les transactions sont infalsifiables, sécurisées. Les cryptomonnaies ou les jetons sont en fait indissociables de ces échanges. Les potentialités en matière d’usage sont très importantes, dans tous les domaines où une certification des échanges, une traçabilité, parfois associée à un paiement, est nécessaire. Tous les secteurs sont potentiellement concernés : la finance bien sûr, l’administration, l’énergie, l’immobilier, la logistique, l’agro-alimentaire…
Ainsi, si Internet permet de copier un fichier musical et l’envoyer à un proche, alors il en résulte deux fichiers identiques. En revanche, en utilisant la « Blockchain », les crypto-monnaies sont échangés sans pouvoir être dupliqués, d’où leur valeur comparable à celle d’une monnaie ou d’un actif.
La « confiance » nécessaire à tout échange de valeurs ou monnaies n’est pas assurée ici par une banque centrale ou un tiers de confiance, mais par le protocole lui-même qui trace les échanges de monnaies, dans un registre virtuel visible de tous. Les défauts de jeunesse de la technologie (forte consommation d’énergie, faible scalabilité) seront corrigés dans le temps, comme pour Internet.
Nous avons d’excellents atouts pour devenir un pays leader dans ces technologies : un bon niveau de recherche scientifique, de bonnes formations mathématiques, un écosystème de start-ups « blockchain » très foisonnant, dont certaines reconnus internationalement, comme Ledger, des institutionnels impliqués comme l’Autorité des Marchés Financiers, la Caisse des Dépôts et Consignations, un ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, qui a bien compris les enjeux.
Alors maintenant, accélérons !
Les applications et bénéfices au quotidien de la blockchain sont nombreux :
Pour les citoyens : Accélération des procédures administratives, efficacité des services publics dans les territoires, délivrance automatique de documents officiels …
Et pour nos entreprises : solutions logistiques, amélioration des procédés internes, optimisation de la production grâce à une meilleure adéquation offre-demande (énergie, agriculture…), réduction des délais de transactions (secteur bancaire ou assuranciel) …
Pour ce faire, il est prioritaire de fixer un cadre juridique clair pour encadrer le développement de cette technologie selon un protocole stable et des normes éthiques.
Retrouver le rapport complet sur le site de l’Assemblée nationale (ici) et la synthèse (ici).
La remise du rapport s’est passée devant les députés de trois commissions : Affaires économiques, Fiances et Lois : cela a permis une vraie prise de conscience des enjeux de la Blockchain ! Pour revoir mon intervention en commissions parlementaires de l’Assemblée (ici).
Et nous avons eu une très bonne couverture presse, malgré ce sujet technique :
Les Echos (ici)
Le Figaro (ici)
La Tribune (ici)
L’Opinion (ici)
Le Point (ici)
Le Journal du Net (ici)
L’Echo Républicain (ici)
BFM Business (ici)
Actualités du Droit (ici)
La Gazette des Communes (ici)
Next Inpact (ici)
Pour revoir l’interview sur ce sujet sur BFM Business (cliquer sur l'image).
1 Commentaire |
Le Vapoteur Militant
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Une excellente idée technologique qui permettrait un gain de temps et des économies financières conséquentes, avec une sécurité et une transparence qui sont gages de la qualité de cette technologie avant-gardiste. |
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