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Voyage au bout du Numérique 2 : rencontres autour de la biothech à S.F. - 11 janvier 2018
Lundi, pluie battante lundi à San Francisco: j’ai passé la journée dans un lobby d’hôtel en centre ville pour rencontrer des acteurs investis dans l’économie des biotechnologies.
A titre d’exemple, voici une synthèse de trois de mes rendez-vous
- Premier rendez vous de la matinée avec Mailys Ferrère, Directrice du Fond d’investissement « Large Venture » de BPI France: 1 milliard d’euros dont 500 millions déjà investis, à moitié dans le Numérique et à moitié dans les Healthtech.
C’est le l'acteur financier qui permet d’accompagner les grandes levées de fond indispensables pour créer les licornes de demain et pour atteindre la mise sur le marché des biotech (le délai entre la "preuve" de laboratoire et le produit commercialisable est beaucoup plus long que dans d'autres secteurs et semé de multiples embûches...).
Pour cette spécialiste, les entreprises françaises de la biotech sont très prometteuses: Dans ce domaine, comme dans quelques autres, les meilleurs chercheurs au monde sont Français.
Par exemple l’Institut Gustave Roussy est reconnu comme le meilleur centre de recherche sur le cancer au Monde.
Mais le marché américain est plus réceptif que la France aux innovations en matière de santé, donc beaucoup d’entreprises Françaises de la biotech s’installent à Boston, capitale mondiale de ce secteur d’innovations.
-Deuxième rendez-vous avec la société YPOSKESI - Frédéric REVAH président et Alain LAMPROYE Directeur Général - 150 personnes.
Cette société a été fondée par l’association FM Téléthon pour développer les capacités de bioproduction en France car il existe un très fort déficit capacitaire dans ce domaine.
YPOSKESI doit permettre d’industrialiser la production de thérapies génétiques et cellulaires innovantes, élaborées par la recherche effectuée par la FM Téléthon et financée majoritairement par les dons .
Depuis les thérapies prometteuses pour les maladies rares, issues de laboratoires de recherche qui luttent contre la myopathie, les chercheurs découvrent dans les thérapies géniques de nouvelles voie pour soigner certains cancers.
En fait, en maîtrisant la thérapie génique, il apparait que l'on est capable de renforcer les cellules et de leur permettre de reconnaître celles qui sont cancéreuses afin de les détruire.
Devant l'explosion des initiatives dans ce domaine, l’enjeu majeur est d’avoir en France les capacités de PRODUIRE.
C’est compliqué car le rendement de production est infinitésimal, donc il faut brasser beaucoup de "contenants" et la "purification" coute encore très cher...
Aujourd’hui, YPOSKESI est le plus gros projet au monde en terme de médecine régénératrice.
La rentabilité moyenne des fonds investis dans ce type de projet est de 10 ans.
- Troisième rendez-vous : Romain MARNOT co-fondateur de Voluntis
La société développe des solutions médicales de suivi des patients qui ont une maladie longue durée ou chronique.
Voluntis a par exemple développé une plateforme de suivi des patients du diabète à distance, et c’est la première solution qui a été admise au remboursement par la Sécurité Sociale. L’application aide le patient à savoir quelle dose d’insuline il doit prendre, elle envoie des alertes si la dose n’est pas prise au bon moment.
Cette technologie est considérée par la Sécurité sociale comme une thérapie digitale.
L’aventure a démarré à Paris il y a 15 ans, mais Voluntis a installé une équipe à Boston en 2013 car le marché s'y développe plus vite.
Romain nous explique qu’à la FDA (organisme certificateur américain), il existe une équipe dédiée importante et réactive pour étudier les solutions innovantes en matière de santé. La difficulté de commercialisation aux US existe quand même car le marché est très fragmenté: il y a 5000 organismes payeurs aux US contre 1 seule Sécurité Sociale en France. La Sécurité Sociale est en fait plus gros que le plus gros payeur US.
Nous avons une opportunité formidable nous dit Romain de devenir excellents dans le domaines des thérapies innovantes, qu’elles soient digitales ou issues des biotechnologies grâce à :
- Une excellence académique et de recherche.
- Un organisme payeur unique (décision unique, maitrise les données de santé)
Mais cela peut aussi être un frein, si l’organisme payeur unique est dans un mode trop conservateur, ce qui serait dommageable pour le développement d’un secteur en pleine croissance et aussi pour la santé des Français.
Romain rappelle que la réglementation des essais cliniques avant la commercialisation est plus compliquée et lourde en France... depuis le scandale des prothèses PIPS.
On peut le comprendre, mais ne doit-on pas permettre à l’administration de regarder sujet par sujet quels sont les protocoles de tests à appliquer ?
De tous ces rendez-vous, je tire une conviction, déjà bien comprise par la BPI qui accompagne le développement de la biotech : si nous voulons faire émerger des champions dans le domaine de la santé du XIème siècle, le gouvernement doit mieux fédérer les acteurs comme il l’a fait dans le domaine du numérique.
La French Healthtech doit naître rapidement, doit être mise en valeur comme l’est la French Tech pour le numérique.
Forte de ces 300 entreprises de Biotech présentes en France et aux US, la biotech Française compte sur le plan international et peu de personnes le savent !
Ma deuxième conviction est la nécessité d’avoir au sein des organismes certificateurs français, un nombre suffisant d'équipes compétentes et dédiées aux nouvelles technologies, afin que les lenteurs de décision ou les lourdeurs réglementaires ne nous empêchent pas l’avenir de faire vivre à une filière économique en pleine croissance, au service de la santé des Français .
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