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Un élu local peut ouvrir des portes... - 08 avril 2009

Lu dans "Les Echos" ce matin:

 

 

« Un élu local peut ouvrir des portes, mettre des dossiers au-dessus de la pile, mais il n'a pas les moyens de tout résoudre » déplore Laure de La Raudière (Eure-et-Loir). 

 

 

Sur le terrain, les députés UMP tentent d'apaiser les tensions sociales

[ 08/04/09  ]

En première ligne dans leurs circonscriptions, les élus du parti majoritaire s'alarment de la montée des tensions sociales. Ils jouent un rôle de « pompiers » et de « médiateurs ».

Il y a deux semaines, dans le huis clos du palais de l'Elysée, Nicolas Sarkozy les avait exhortés à avoir « la banane », célébrant « une période formidable parce qu'on se tourne vers nous, les politiques » et assurant que « les Français verront après la crise ceux qui se seront battus ». Sur le terrain, les députés de la majorité peinent à afficher le même enthousiasme. Car eux aussi sont en première ligne face aux Français qui ont perdu leur emploi ou sont au chômage partiel et ceux, plus nombreux encore, qui s'inquiètent pour leur avenir et celui de leurs enfants. Elu de Seine-Saint-Denis, Eric Raoult voit, comme bien d'autres, « la dureté du regard des gens, plus froid et parfois directement hostile ». « Actuellement, soupire-t-il, il n'est pas facile d'être sarkozyste. A défaut de bomber le torse, il faut assumer. »

En ce début de printemps, nombre de députés UMP s'inquiètent de la dégradation du climat social, redoutant parfois que les fronts ne s'agrègent à l'approche du 1er mai. Marie-Christine Dalloz (Jura) note de « fortes tensions entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n'en ont plus ». « Les gens sont plus agressifs, moins patients, exigeants et irrités. Ils ne supportent plus grand-chose », renchérit Yves Albarello (Seine- et-Marne). « L'ambiance est anxiogène et délétère. Parfois, nous sortons avec angoisse », avoue Arlette Grosskost (Haut-Rhin).

Les récentes séquestrations de patrons, témoignant d'une radicalisation des conflits, en ont inquiété plus d'un, mêmes si les élus épinglent aussi des « comportements managériaux inadmissibles ». « Il y a une société violente qui ressurgit, une inquiétude diffuse avec des cas ponctuels de désespoir », s'alarme Marie-Anne Montchamp (Val-de-Marne). Catherine Vautrin (Marne) raconte les manifestations du mois dernier, à Reims, au cours desquelles des oeufs ont été jetés et des vitres du Medef local cassées. « Une violence qu'il n'est pas habituel de voir », insiste l'ancienne ministre déléguée à la Cohésion sociale.

« Envoyez les ministres ! »

Chaque week-end, de retour sur leur terre d'élection, les députés se démènent pour tenter de rassurer les électeurs, de se montrer à leur écoute et de dénouer des dossiers des entreprises ou des salariés. Les uns se comparent à des « pompiers », les autres évoquent un travail de « médiateur », d'autres d'« assistance sociale ». Tous se font « pédagogues », pour expliquer les réformes et montrer qu'il y a « des raisons d'espérer ». Pour « apaiser les tensions », Yves Nicolin (Loire) s'applique à mettre sur pied une cellule de crise avec les partenaires sociaux. Même s'il ne perçoit aucune « tension » mais seulement des « difficultés », Gilles Bourdouleix (Maine-et-Loire) veut réactiver le comité de pilotage mis en place localement, au début des années 2000, pour faire face aux difficultés du secteur de la chaussure.

Reste qu'au-delà des appels à l'unité nationale et de la dénonciation de la gauche, accusée d'instrumentaliser les conflits, des députés UMP s'avouent désarmés. « J'essaie de me battre, je relaie tout au niveau des ministres, mais je n'ai pas beaucoup de leviers », regrette Michel Raison (Haute-Saône), qui voudrait que les chômeurs partiels puissent avoir « au moins 80 % de leur salaire ». « Un élu local peut ouvrir des portes, mettre des dossiers au-dessus de la pile, mais il n'a pas les moyens de tout résoudre », déplore Laure de La Raudière (Eure-et-Loir). Quant à André Flajolet (Pas-de-Calais), il est « un peu désemparé ». « Les gens veulent des réponses immédiates, alors que nous sommes en train de bâtir des réponses structurelles », explique-t-il, lançant un appel pressant à l'exécutif, presque un SOS : « Envoyez les ministres ! Si ça dure, ça peut finir par exploser. »

 

 

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