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Les non alignés du Groupe UMP. - 22 juillet 2008
Voici un article paru dans "Profession Politique"qui évoque un petit groupe de parlementaires fort actifs dont je partage les idées.
Les non-alignés du groupe UMP
Ils sont treize. Treize députés UMP – Benoist Apparu, Valérie Boyer, Nicolas Dhuicq, Gilles d’Ettore, Françoise Guégot, Sébastien Huyghe, Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson, Franck Riester, Laure de la Raudière, Valérie Rosso-Debord, Lionel Tardy, Isabelle Vasseur – qui ont pour la plupart rejoint pour la première fois les bancs de l’Assemblée nationale en juin 2007 et qui n’ont pas souhaité, comme le veut une sorte de règle non-écrite, mais quasiment incontournable au Palais-Bourbon, patienter dans l’ombre de leurs nombreux aînés (puisque la majorité s’est succédée à elle-même et qu’il n’y a qu’une quarantaine de nouveaux élus en son sein) durant leur premier mandat.
ENSEMBLE MAIS DIFFÉRENTS
Et c’est justement leur statut de "bizuths", tous trentenaires ou jeunes quadragénaires, qui les a d’abord rapprochés, de façon naturelle. "Nos premières rencontres ont eu lieu dans le cadre de l’examen des textes, se souvient Françoise Guégot, élue de Seine-Maritime, nous avons eu la chance de démarrer avec des projets de loi qui nous ont passionnés et on s’est assez rapidement trouvés des affinités, des points communs". Parmi ceux-ci, "le sentiment que la rupture devait se traduire dans la façon de travailler des députés". C’est aussi ce qu’exprime Valérie Rosso-Debord, lorsqu’elle lance que "quand ce sont toujours les mêmes qui font les séances de nuit, cela crée des liens"… "Et puis quand on commence à discuter, on se rend compte qu'on a des choses à dire et qu'on peut les dire ensemble, car quand on n'est pas tout seul, on est plus fort." Pour la députée de Meurthe-et-Moselle, cette petite équipe partage aussi "beaucoup d’attentes et une certaine idéalisation du Parlement". Enfin, l’envie de s’affirmer et d’en découdre avec la vie politique est très présente. "Nous sommes une génération qui souhaite profiter de cette période historique de réforme, avec la modernisation du pays, de son économie, et son adaptation à sa nouvelle géographie. Et nous souhaitons le faire avec une certaine liberté", lance ainsi Nicolas Dhuicq. Par ailleurs, le parcours très différent – politiquement, culturellement, professionnellement – de chacun d’entre eux est présenté comme une sorte de ciment. "Nous n'avons pas tous soutenu le même candidat en 1995", explique ainsi le député de l'Aube – lui était derrière Jacques Chirac – , et nous pouvons bien sûr avoir des désaccords, comme par exemple sur la question de la Turquie." "On a tous nos particularités et c’est ce qui fait que notre petit groupe fonctionne bien", renchérit Françoise Guégot, avant d’ajouter : "Ce qui nous réunit, c’est l’envie d’avancer, en ayant des horizons différents".
L’OREILLE DE PÉGARD
Sur l’initiative de Benoist Apparu, député de la Marne, (lire entretien page 9), les treize se sont donc rassemblés une première fois au lendemain des élections municipales. Quatre autres réunions ont suivi, à chaque fois organisées par un membre différent. Et une première tribune a été signée collectivement dans Le Figaro le 20 mai, sur la thématique de la réforme des institutions (lire encadré page 9). Une émergence assez rapide qui suscite évidemment la curiosité et l’intérêt chez les ambitieux de l’UMP, comme Jean-François Copé et Xavier Bertrand, pas avares de compliments à l’adresse de ces nouvelles têtes. Mais personne, aujourd’hui, ne peut se prévaloir d’avoir rallié le petit groupe à sa cause. "Nous n’avons pas de leader et nous ne sommes pas là pour soutenir untel ou pour s’opposer à untel", affirme Françoise Guégot, qui précise, "à titre personnel", que son engagement "est complet et sans état d’âme derrière Nicolas Sarkozy". "Les guerres des chefs ne nous concernent pas", affirme Nicolas Dhuicq, qui se dit "plutôt proche de Copé". "Proche de Copé", c’est également ainsi qu’est souvent étiquetée Valérie Rosso-Debord. "J’aime beaucoup Xavier Bertrand, Jean-François Copé et François Fillon", préfère dire la jeune députée, qui précise qu’au sein de ce groupe, "on ne se dit pas : « toi, t’es villepiniste ; toi, t’es chiraquien ; toi, t’es sarkozyste »"… Quoi qu’il en soit, les treize suscitent de l’intérêt, et ce jusqu’à l’Élysée, puisque Catherine Pégard, la conseillère politique de Nicolas Sarkozy, les reçoit désormais régulièrement pour recueillir leurs impressions. "Nous ne voulons pas être instrumentalisés, mais nous ne sommes pas en opposition avec l'Élysée", explique Nicolas Dhuicq, selon lequel "il est utile pour le président de la République d’être à l’écoute des différentes sensibilités et des différentes générations." Autre signe de l’importance prise par les treize, l’élection de plusieurs d’entre eux – Françoise Guégot, Isabelle Vasseur et Valérie Rosso-Debord – dans les instances du groupe UMP le 25 juin. "On a fait la démarche de se présenter, cela veut dire qu’on a envie d’être actifs et d’exister", souligne à ce sujet Françoise Guégot, alors que pour Valérie Rosso-Debord, "cela permet de mieux voir le fonctionnement interne et d’être associé à tout ce qui se fait plus en amont".
JUSQU’OÙ ?
Le petit groupe monte donc doucement en puissance. Jusqu’où ? Ils se réuniront le 25 juillet dans l’Eure, chez Bruno Le Maire. "On va faire du brainstorming autour de ce qui nous réunit, de nos valeurs", explique Valérie Rosso-Debord, mais pour la suite, il n’y a rien de calibré, rien de décidé". Les membres du groupe se disent très attachés à leur indépendance, une ligne qui deviendra, ils le savent, de plus en plus difficile à tenir au fur et à mesure que les différentes échéances électorales approcheront et que les sollicitations afflueront. "À un moment donné, reconnaît d’ailleurs Françoise Guégot, dans la mesure où nous venons d’horizons très divers et où nos soutiens sont donc très différents, on sera peut-être dans des attitudes beaucoup plus individuelles". Et si les tentations d’intégrer telle ou telle écurie l’emportaient ? "Je crois que notre groupe ne tiendrait pas, estime la députée de Seine-Maritime, car il n’a pas été constitué pour cela"....
Exaucés sur la réforme des institutions
C’est en quelque sorte leur acte fondateur. Le 20 mai dernier, les treize députés ont officialisé l’existence de leur petit groupe en cosignant, dans Le Figaro, une tribune intitulée : "Une Constitution pour le citoyen". Alors que les débats s’engageaient à l’Assemblée nationale, ils se félicitaient du fait que la réforme proposée visait à "renforcer les droits du citoyen". En revanche, ils s’inquiétaient de "certaines dispositions superfétatoires et d’un niveau inférieur à un texte constitutionnel", comme celle fixant strictement le nombre de ministres du gouvernement. La mesure en question a d’ailleurs été abandonnée depuis, au fil des débats. Par ailleurs, ils estimaient "difficile de concevoir que le président de la République vienne s’exprimer devant l’Assemblée nationale", et ajoutaient qu’"une expression devant le Congrès serait plus acceptable, sous réserve qu’elle ne soit pas suivie d’un débat qui risque d’affaiblir l’autorité du Président". Soit exactement la solution finalement retenue dans le texte qui sera soumis au Parlement réuni en congrès à Versailles, le 21 juillet…
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