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La plus belle promesse du numérique, c’est notre santé ! - 26 septembre 2016

 

Ici ma tribune parue dans Atlantico ce 26/09/2016

 

Qualité de la recherche, savoir-faire dans le domaine des objets connectés, riches bases de données de la Sécurité sociale,etc. : autant de qualités du système de santé français qui pourraient permettre la transition vers la E-santé. Mais le conservatisme et la prudence des politiques restent un handicap.

 

Les deux tiers des Français considèrent la santé comme leur préoccupation principale ; ils y accordent autant d’importance qu’à leur pouvoir d’achat.

Mais, en même temps, ils sont bien conscients que le système actuel est à bout de souffle, inégalitaire selon les territoires ; la prévention des maladies y fait figure de parent pauvre, l’augmentation des dépenses liées à la dépendance n’est pas financée….C’est sans doute vers des solutions radicalement nouvelles que doit être recherché l’avenir de notre système de santé.

 

Serons-nous assez audacieux pour les mettre en œuvre ?

C’est probablement dans le domaine de la santé que la révolution numérique est porteuse des plus grands espoirs.

 

Vie plus longue, réduction des souffrances, détection précoce des maladies, baisse des coûts des soins, mise au point plus rapide de certains traitements pour le cancer ou le sida … Aussi incroyable que cela puisse paraître, tout cela est raisonnablement envisageable dans seulement quelques années !

Le premier enjeu est de mieux soigner, à moindres coûts, grâce à l’exploitation des données de santé, de façon beaucoup plus ouverte qu’aujourd’hui. L’analyse des données médicales d’un patient, combinées aux informations génomiques ou de comportement permettra une aide précoce au diagnostic, source d’économie en examens ou rendez-vous complémentaires, une détection des incompatibilités en matière de médicaments, et pourquoi pas, une aide dans la lutte contre les abus du système de santé.

 

Notre système de remboursement des soins centralisé, national et universel, est un actif considérable pour notre pays, en matière de données fiables et exploitables. Mais nous avons mis des règles de protection et de sécurité tellement strictes pour utiliser les données de santé, que cela exclut les agiles et innovantes start-ups qui n’ont absolument par l’envergure financière pour les respecter. Comme souvent, notre pays est reconnu pour la qualité de ses praticiens, chercheurs, ingénieurs et entrepreneurs, mais nous sommes paralysés par les normes, verrouillés par des règles bridant l’innovation, et un principe de précaution omniprésent. La France risque donc de rater les formidables opportunités de l’E-santé

 

Le deuxième enjeu est de construire une offre de médecine préventive grâce à la collecte en temps réel des données. 

Un bracelet connecté, contrôlant des nano contrôleurs de cellules cancéreuses circulant en permanence dans nos veines, permet, par exemple, de détecter toute augmentation alarmante et de neutraliser la maladie bien avant les premiers symptômes malins. C’est une technologie majeure pour lutter contre le cancer. Les objets connectés de santé permettent la mise en place de surveillance des pathologies chroniques (diabète, hypertension) à distance. On imagine aisément le bénéfice financier de la pratique massive des traitements précoces, et le progrès qu’elle représentent pour le bien-être des patients.

 

Le troisième enjeu est d’apporter une solution concrète à la désertification médicale des praticiens dans les zones rurales. L’Etat et les collectivités locales ont investi dans des maisons de santé pluridisciplinaires, afin d’attirer de jeunes médecins… Malheureusement, cela ne suffit pas et les maisons de santé se remplissent de professionnels de santé : infirmiers, sage-femmes, kinésithérapeute… mais pas de médecins. On pourrait donc imaginer les équiper de cabines connectées permettant le diagnostic à distance, en lien avec des médecins regroupés et se positionnant sur ce type de consultations. La télémédecine, voire les opérations chirurgicales à distance, sont une réalité naissante, facteur d’égalité des territoires et d’économie : mutualisation des équipements, moindres coûts de déplacement.

 

Le savoir-faire est présent, mais l’obstacle est d’abord culturel pour les patients et les médecins, mais aussi réglementaire, puisque les actes à distance ou la télésurveillance de maladie chronique ne sont que rarement codifiés pour le remboursement par la Sécurité sociale. Ce sont des verrous qu’il faut faire sauter au plus vite pour permettre une meilleure prévention des maladies chroniques, l’individualisation des soins, et tant de choses que les réseaux et les objets connectés rendent aujourd’hui possible.

Le quatrième enjeu est l’apport du numérique pour aider les personnes âgées à mieux vieillir à domicile. Les solutions numériques se multiplient pour répondre aux besoins d’autonomie, de confort et de maintien à domicile des seniors. Ce sont aussi des opportunités précieuses pour la recherche et le développement de la Silver économie. Ici encore, allons de l’avant .

 

La qualité de la recherche française, son savoir-faire dans le domaine des objets connectés, les riches bases de données de la Sécurité sociale, ainsi que la réussite de quelques belles start-ups dans le domaine de la E-santé (Withings, Visiomed par exemple) sont nos atouts. Notre handicap, c’est le conservatisme et l’ultra-prudence des responsables politiques ou administratifs dans le domaine du numérique.

Mais rien n’est gravé dans le marbre ! Osons l’expérimentation, osons le remplacement du principe de précaution par un principe d’innovation dans notre constitution, osons bousculer nos habitudes pour développer la filière de E-santé française, mais surtout dans l’intérêt de la santé des Français.

 

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